Mindset

Se connecter à son corps

On pense souvent que la performance vient uniquement de la tête : la concentration, la volonté, l’intelligence. Mais la vérité, c’est que sans le corps, il n’y a pas de performance durable.

Le corps est bien plus qu’un simple outil qui nous transporte du point A au point B. Il est notre première source d’énergie. C’est lui qui nous donne la vitalité pour avancer, grâce à la respiration, au sommeil, à la nutrition, au mouvement.

Le corps est aussi un véritable tableau de bord. Il envoie en permanence des signaux sur notre état : tension, fatigue, énergie, sérénité. Ces signaux sont précieux, car ils nous permettent d’ajuster notre façon d’agir.

Prenons l’exemple d’un sportif de haut niveau. Il ne se fie pas seulement à sa technique ou à son mental. Il est à l’écoute de ses sensations corporelles : le rythme de sa respiration, la souplesse de ses muscles, la fluidité de ses gestes. C’est cette connexion qui lui permet d’entrer dans le fameux état de flow, où tout devient naturel et efficace.

Les « marqueurs somatiques »

En réalité, l’influence du corps sur l’esprit va bien plus loin, elle est totale. Antonio Damasio, grand neurologue, a montré que nos pensées ne flottent pas dans un ciel abstrait : elles s’enracinent dans le corps. Le cerveau n’est pas séparé du reste de l’organisme, il dialogue en permanence avec le cœur, les poumons, le système digestif, la peau, les muscles.

Chaque émotion laisse une trace dans le corps. Ces réactions corporelles sont appelées marqueurs somatiques. Ils servent de boussole au cerveau pour évaluer si une option est bonne ou risquée. C’est une manière d’intégrer l’expérience passée : notre corps se souvient plus vite que notre raison.

En résumé, l’état du corps est analysé par le cerveau pour évaluer ce qu’il perçoit, il créée des biais cognitifs qui influencent la direction vers laquelle se tourne notre regard,

En augmentant notre perception corporelle, nous gagnons une force supplémentaire : être attentif aux signaux du corps nous permet de repérer plus tôt le stress, l’anxiété, ou au contraire la sérénité et la motivation.

C’est un avantage pour mieux gérer nos choix, réguler nos émotions, et entrer dans un état de présence. Le corps nous parle en continu et diffuse son humeur ; apprendre à l’écouter, c’est mieux orienter notre esprit.

Pourquoi on se coupe de son corps

Notre mode de vie moderne joue un grand rôle. Beaucoup d’écrans, du travail assis, une attention focalisée à l’extérieur. Nous avons aussi développé un esprit cartésien, nous donnons beaucoup d’importance à la pensée et à l’analyse. Nous sommes plus cérébraux que tactiles. Le coût à payer pour toutes ces pensées, c’est la perte des sensations corporelles. Quand on pense, on ne sent pas.

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Ajoutons à cela le stress et la suractivité. On apprend à “tenir”, à serrer les dents, à continuer malgré la fatigue. On se déconnecte de nos signaux corporels parce qu’on croit que ce n’est pas important, ou pire, que c’est une faiblesse.

Le résultat ? On ignore la fatigue, on ignore les tensions… jusqu’à ce que le corps dise stop.
C’est un peu comme si on roulait en voiture sans jamais regarder le tableau de bord. Forcément, un jour, le moteur casse.

Les effets négatifs de la déconnexion

Ne pas sentir son corps, ce n’est pas neutre, c’est même carrément négatif.

Un des effets les plus négatifs identifié par la science est que la perte des sensations du corps augmente les risques d’une rechute de dépression par 8. La santé mentale est donc corrélée à notre capacité d’intéroception, qui permet de percevoir ce qui se passe dans notre corps. La raison est que d’être plus conscient de son corps diminue l’attention du cerveau pour d’autres stimuli.

Un autre problème est qu’on est plus du tout conscient quand on stress. Pourtant, le stress provoque de nombreux signaux, comme la respiration bloquée, le cœur qui s’emballe, des tensions musculaires… et comme on ne les remarque pas, ils s’accumulent.

C’est aussi une perte de justesse dans nos décisions. On agit uniquement sous la logique ou la pression extérieure, sans écouter ce que l’on ressent profondément, alors que nos choix sont aussi dictés par la dynamique du corps. Résultat : des choix désalignés, qui coûtent cher à long terme.

À force, la fatigue s’installe, et parfois c’est le burn-out qui met un terme à cette surcharge. Mais avant d’arriver à ce stade de rupture, on perd le plaisir, on perd la créativité, on devient mécanique.

Les bénéfices de la reconnexion

La bonne nouvelle, c’est que l’inverse est vrai. Vous pouvez vous entraînez à l’interocéption, vous pouvez augmenter la présence de votre corps dans votre conscience et faire en sorte d’être le plus souvent « corporalisé », c’est-à-dire en symbiose avec votre corps.

Plus vous vous reconnectez à votre corps, plus vous gagnez en énergie et en clarté mentale. Vos décisions deviennent plus alignées, car vous écoutez vos signaux internes. Le stress se régule plus vite : vous sentez la tension monter, et vous savez comment revenir au calme en agissant sur votre corps et votre respiration. Et surtout, vous accédez plus facilement à cet état de flow, cette zone où performance et plaisir se rejoignent.

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La connexion consciente au corps est aussi un moyen très puissant de stopper nos ruminations et nos pensées négatives. De manière général, se concentrer sur les 5 sens, comme le propose par exemple la technique de la pleine conscience, permet de ralentir l’activité mentale. Essayez, c’est très puissant. Si un jour vous en avez marre que vos pensées tournent en boucle, switchez votre attention vers vos 5 sens et observez l’interruption de la pensée. Et sachez que parmi les 5 sens, c’est celui de la conscience corporelle qui est le plus puissant pour se recentrer, car l’ouïe et la vue, par exemple, sont plutôt des sens externes, tournés vers l’extérieur. Alors que la conscience corporelle est tournée vers l’intérieur.

Comment se reconnecter à son corps

1. La respiration consciente : Plusieurs fois par jour, dirigez simplement votre esprit vers la respiration et sentez l’air entrer et sortir. Prenez de profondes inspirations et sentez le haut de votre corps se relâcher à l’expiration. Rien que ça, c’est un retour puissant au corps

2. Le scan corporel : Vous pouvez fermer les yeux si c’est possible, mais ce n’est pas nécessaire, on peut le faire les yeux ouvert, assis sur sa chaise de bureau., Parcourez mentalement vos muscles, vos épaules, votre ventre. Observez où il y a de la tension. Rien qu’en remarquant, souvent la tension baisse. Vous pouvez aussi vous concentrer sur une partie spécifique, comme percevoir vos pieds au sol ou vos fessiers sur la chaise, la chaleur du soleil sur votre peau, la qualité de votre respiration, la tension ou le relâchement de votre mâchoire.

3. Bouger régulièrement : Pas besoin d’un marathon. Levez-vous, marchez, étirez-vous. Ces petits mouvements réactivent l’énergie et la concentration. Faites-le en pleine conscience de votre corps.

4. Les micro-pauses : Trente secondes, plusieurs fois par jour, pour revenir dans vos sensations. C’est court, mais cumulé, cela change tout.

Et surtout, rappelez-vous : ce n’est pas réservé aux sportifs ou aux méditants. Tout le monde peut le faire, durant chaque journée. Vous prenez toujours votre corps avec vous le matin en allant au travail, vous avez des milliers d’occasion de revenir dans vos sensations corporelles. C’est quelques secondes, mais cumulées, elles vont créer une nouvelle habitude. Après 2 ou 3 semaines d’attention, vous verrez, vous serez beaucoup plus connecté à votre corps, vous aurez une meilleure présence, vous serez plus calme et plus concentré.

Conclusion

La performance ne vient pas seulement du mental. Elle repose sur une alliance : le corps alerte, le mental organise. Si vous voulez durer, si vous voulez être performants sans vous épuiser, reconnectez-vous à vos sensations.

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